Alice du fromage

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Billets qui ont 'Carroll, Lewis' comme nom propre.

vendredi 27 février 2015

Le retour des comptes

Ma collègue était absente toute la semaine et les salariés m'ont achevée : j'ai à peine eu le temps de commencer l'arrêté des comptes.
Voici donc revenu le temps où je vais parler fiscalité et comptabilité. Cette année je franchis une nouvelle étape: je décris le processus de clôture des comptes en même temps que je l'effectue, le genre de tâche qui me fait toujours penser à cette carte aussi grande que le territoire chère à Lewis Carroll (décrire le monde, décrire parfaitement, intensément, le monde: ou comment la littérature permet de résister aux heures de bureau en ayant l'impression de continuer un projet commencé sous un escalier d'Adrogué).

samedi 4 août 2012

En route

Récupéré la voiture. Ces Américains n'ont peur de rien: "enjoy!", et ils se barrent, et je me retrouve à devoir sortir la voiture (une Chrysler 300) dans la cinquantième rue, avec un camion garé en face occupant la moitié de la rue et un van blanc à moitié engagé à ma droite dans le parking dont je veux sortir (ce qui fait que je dois le contourner pour prendre la rue en sens unique à droite).
Je n'ai jamais conduit d'automatique. La voiture m'indique que je dois appuyer sur le frein en passant sur "D", je mets un certain temps à le comprendre, j'avance, je bloque la rue, les taxis klaxonnent, la voiture hoquète (ce n'est que plus tard que je comprendrai qu'elle ne peut pas caler), un black un peu affolé m'aide un instant («— Are you all right? — No, I'm French, I never drive automatic!» (j'ai ouvert la vitre sans vraiment m'en rendre compte)) à prendre le virage entre le camion et le van blanc. De hoquets en klaxons (ils ont le klaxon facile, ces New Yorkais), j'arriverai à l'hôtel.

Direction Long Island, le but est la maison natale de Walt Whitman. Bouchon dans le quartier chinois, j'ai compris qu'il ne faut pas que je me serve de ma jambe gauche, sinon je débraye, c'est-à-dire que je freine avec le pied gauche en accélérant avec le pied droit, ce qui explique les hoquets de la voiture. Sinon, elle est extrêmement agréable, une impression de vaisseau spatial, elle flotte, elle est légère, elle tourne court, les rues sont larges, il y a de la place, ça change tout.
Nous passons sur Brooklyn Bridge, en travaux. Je comprends enfin pourquoi on parle d'un magnifique point de vue du milieu du pont: il y a une voie piétonne au centre, entre les voies pour voiture. Je n'ose imaginer la chaleur (il est 1 p.m., le soleil cogne sur bitume, le pare-brise est brûlant).
Brooklyn, le Queens, quartiers tranquilles, puis friches industrielles, casses de voitures, autoroute, cimetières, golf, hôpitaux; trop tard, nous n'y arriverons pas à temps (4 p.m.), nous continuons.

Le musée est encore ouvert, il ouvre une heure plus tard le samedi, miracle.
Nous visitons une maison minuscule guidés par un jeune homme enthousiaste. Je suis impressionnée par les catastrophes qu'a affrontées la maison: un ouragan ou une tempête (j'ai compris son nom, Anne, mais pas l'année (j'ai des problèmes avec les chiffres)) a noyé le rez de chaussée et le plancher n'est plus d'origine, à l'étage les vitres ont été cassées par une tornade, et une pièce attenante a brûlé.
La maison est minuscule et plaisante, avec une jolie pelouse close par une palissade en bois.

— Connaissez-vous l'expression mad as a heater hatter?
— Oui, c'est de Lewis Carroll, "le chapelier fou"*.
Le jeune homme est interloqué, il ne nous comprend pas, puis rit quand il a compris:
— En fait, la technique de fabrication des chapeaux utilisait du mercure, ce qui empoisonnait les chapeliers qui devenaient fous.
(Et je suis stupéfaite et enchantée de découvrir que Carroll n'avait pas inventé l'expression, mais l'avait utilisée au premier degré.)

Long Island, autoroute dans l'autre sens, nous prenons la direction Cape Cod, deux péages successifs, magnifique vue sur Manhattan au loin dans la brume à partir de Throgs Neck Bridge. De l'autre côté, Manhasset Bay est piquetée de voiliers, c'est magnifique.

Soirée une fois encore cinématographique, motel de Terminator ou de No Country for Old Man près de Milford sur la 95 (sortie Post Road North), burger dans un steakhouse avec une dizaine d'écrans passant cinq ou six chaînes (dont les JO et du baseball), des photos noir et blanc de baseball et football américain et du rock en fond sonore. Et le meilleur hamburger que j'ai jamais mangé.





Et comme je n'en suis plus à un cliché près, NCIS passe à la télé quand nous rentrons.


* en français dans la conversation.

jeudi 8 septembre 2011

Incompréhension

Journée en réunion. Fébrilité.Ce qui me gêne, c'est de ne pas savoir ce que pensent réellement les autres. Si je pouvais être sûre que personne ne prend tout cela (trop) au sérieux, que nous sommes tous en train de jouer notre rôle avec plus ou moins d'habileté, je pourrais prendre beaucoup de plaisir à cela. Ce qui me tue (à petit feu), c'est de ne pas savoir si certains prennent vraiment tout cela au premier degré, et si oui… comment font-ils? Comment peut-on réellement prendre cela au sérieux, penser que cela a vraiment de l'importance, alors que cela n'apporte rien à personne, que cela ne fait que répondre à des exigences législatives? (exemple: «Nous ne ferons qu'un audit de conformité» signifie «nous vérifierons que la procédure existe, mais nous ne vérifierons pas qu'elle est adaptée, et encore moins qu'elle est appliquée». Mais à quoi, à qui, cela peut-il bien servir? Je les regarde, je songe à Lewis Carroll et Borgès, nous décrirons le monde jusque dans ses moindres détails, notre monde sera entièrement décrit dans nos tiroirs, dans nos armoires, et parce que nous l'aurons décrit et circonscrit, nous croirons le dominer et le maîtriser. Et je songe au Titanic. Décidément, j'ai du mal, cette rentrée ne passe pas. J'ai passé trop de temps au grand air.)

mardi 20 avril 2010

Caramba, encore raté !

O. (11 ans) : — Mais pourquoi Alice dit qu'il est arrivé six choses impossibles? Puisque c'est arrivé, ce n'est pas impossible?
Aaaahhh… se pourrait-il que? Je suis contente. — Tu as raison, le livre Alice est plein de choses comme ça qu'on ne voit pas dans le film. C'est pour ça qu'on le donne aux enfants mais qu'en fait, ce sont les adultes qui l'aiment. Par exemple elle demande au chat quel chemin elle doit prendre. Le chat répond que ça dépend où elle veut aller. Alice dit: "n'importe où", et le chat répond: "alors n'importe quel chemin fera l'affaire".
O. rit.
— Attends, je crois qu'on a Alice quelque part, quelqu'un vous l'a offert.
Comme je suis très motivée, je le trouve en quelques secondes. Je le lui tends, il le feuillette, le tient avec embarras, ne sait pas quoi en faire. Je tends la main:
— Ça va, j'ai compris, rends-le moi. Inutile que tu le prennes pour me faire plaisir et qu'il traîne dans ta chambre. Je préfère le ranger.

O. n'a jamais commencé un livre s'il n'y était pas obligé. Et encore moins terminé.

mercredi 2 janvier 2008

Résolution du Nouvel an

— Voudriez-vous, je vous prie, me dire quel chemin je dois prendre maintenant? demanda Alice.
— Cela dépend beaucoup de l'endroit où vous voulez aller, dit le Chat.
— Cela m'est à peu près égal…, dit Alice.
— Alors peu importe le chemin que vous prenez, dit le Chat.
— … pourvu que j'arrive quelque part, ajouta Alice en guise d'explication.

Lewis Carroll, Alice au pays des merveilles

Choisir un chemin.
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